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16 October 2023

Les conséquences terribles du traffic d'essence ! Ses origines.

SOURCE :  Voiturepropre.org

Trafic et contrebande d'essence

Photo : George Sultan, Pexels

LES POINTS A RETENIR

Le trafic de carburant illicite dans la région du Sahel est un problème complexe aux multiples facettes, avec des conséquences sociales, économiques et sécuritaires considérables. Les réseaux criminels prospèrent grâce à cette activité illégale, tandis que les groupes terroristes en tirent profit pour financer leurs opérations. Cette pratique siphonne des millions de dollars en revenus des nations qui tentent de stabiliser une région déjà confrontée à de nombreux défis. Cet article de 1500 mots se penche en profondeur sur le phénomène du trafic de carburant dans le Sahel, ses causes, ses conséquences et les mesures prises pour y mettre fin.

Le Trafic de Carburant au Sahel

Le trafic de carburant illicite est devenu une source de revenus essentielle pour de nombreux acteurs criminels dans la région du Sahel. Quatre routes principales serpentent à travers cette vaste étendue de terres arides, reliant des pays comme l’Algérie, la Libye, le Nigéria, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et d’autres. Ces routes servent de voies de transport pour des millions de litres de carburant de contrebande, avec des conséquences graves pour les pays de la région.

Le trafic de carburant est alimenté par plusieurs facteurs clés. Tout d’abord, les prix bas et fortement subventionnés de l’essence dans des pays comme l’Algérie, la Libye et le Nigéria sont des catalyseurs majeurs. Par exemple, les stations-service en Libye facturent 11 cents le litre, tandis que de l’autre côté de la frontière, au Mali, les prix à la pompe s’élèvent en moyenne à 1,94 dollar. Cette énorme différence de prix crée une incitation économique pour les trafiquants.

Selon François Patuel, chef de l’unité de recherche et de sensibilisation de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), “Le simple fait de traverser la frontière leur permet de réaliser un bénéfice de 90 centimes par litre. C’est un revenu facile pour les groupes criminels.”

De plus, la forte demande de carburant dans la région est un autre facteur clé. La population du Sahel dépend du carburant bon marché pour de nombreuses activités quotidiennes, de la production d’électricité à l’alimentation des véhicules utilisés pour transporter des marchandises vers les marchés locaux. Les trafiquants exploitent cette dépendance pour vendre leur carburant de contrebande et d’autres produits criminels.

Le rapport de l’ONUDC, intitulé “Fuel Trafficking in the Sahel,” révèle que ce trafic illicite de carburant a des conséquences bien au-delà de l’économie informelle. Il alimente des groupes armés illégaux non étatiques, des groupes terroristes, des institutions financières, des fonctionnaires corrompus chargés de l’application de la loi, et des groupes ayant des liens avec des personnalités ayant des intérêts dans des sociétés de vente au détail de carburants. Cette dynamique renforce l’insécurité dans une région déjà fragilisée.

Les Implications Économiques et Sociales

Le trafic de carburant illicite a un impact économique majeur dans la région du Sahel. Selon Amado Philip de Andrés, le Représentant régional de l’ONUDC pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, ce commerce illicite coûte près de 8 millions de dollars par an en recettes fiscales au Niger. Les trafiquants échappent aux taxes en achetant du carburant destiné à l’exportation à moindre coût et en détournant les livraisons à l’intérieur du pays ou à travers les frontières. Cette perte de recettes fiscales a un impact direct sur la capacité des gouvernements à fournir des services essentiels à leurs citoyens.

De plus, les groupes terroristes exploitent cette situation pour percevoir des “taxes” sur le trafic de carburant. Dans certaines zones, comme Kourou/Koualou, des entrepôts illégaux stockent des réservoirs de carburant de contrebande pendant le transit, et des groupes affiliés à Al-Qaïda prélèvent régulièrement des taxes sur la contrebande. Cette pratique renforce le financement de ces groupes et leur capacité à mener des opérations terroristes.

Les conséquences sociales de ce trafic sont également significatives. Les communautés locales vivant dans des régions isolées du Burkina Faso, du Mali et du Niger sont particulièrement vulnérables. La présence limitée des forces de l’ordre dans ces zones crée un vide que les trafiquants et les groupes criminels comblent. Cette situation a des répercussions sur la sécurité des habitants de ces régions et rend leur quotidien plus difficile.

Le trafic de carburant illicite est souvent lié à d’autres activités criminelles. François Patuel de l’ONUDC cite l’exemple d’une saisie de 17 tonnes de résine de cannabis effectuée par la police nigériane en 2021, impliquant un trafiquant de carburant connu qui possédait des stations-service. Le suspect aurait utilisé les revenus du trafic de drogue pour acheter du carburant de contrebande vendu dans ses stations-service. Cette interconnexion entre diverses activités criminelles aggrave encore les problèmes de sécurité et d’ordre public.

Les Mesures Prises pour Lutter Contre le Trafic de Carburant

Face à ces défis complexes, les nations du Sahel et la communauté internationale ont commencé à prendre des mesures pour lutter contre le trafic de carburant illicite. Cependant, c’est une entreprise complexe et potentiellement mortelle dans une région où les taux d’emploi informel sont très élevés, allant de 78,2% au Niger à 96,9% au Tchad.

L’ONUDC recommande aux pays du Sahel et à leurs voisins d’identifier et de poursuivre les cas de contrebande de carburant ayant des liens directs avec le crime organisé, les groupes armés et la corruption. Des outils juridiques sont disponibles dans des traités internationaux, tels que la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et la Convention des Nations Unies contre la corruption.

Plusieurs pays de la région ont pris des mesures pour lutter contre la contrebande de carburant. Par exemple, le Burkina Faso a démantelé méticuleusement depuis 2019 un réseau de trafic de carburant très organisé qui a fait passer plus de 3 millions de litres de contrebande en trois ans, avec des flottes de camions transportant jusqu’à 30 000 litres par voyage.

À Kourou/Koualou, des mesures de répression prises par le gouvernement ont fortement réduit le flux de carburant illégal. Cependant, les groupes terroristes continuent de percevoir des “taxes” sur le carburant qui fait encore l’objet de trafic, ainsi que sur d’autres marchandises de contrebande.

L’ONUDC souligne l’importance de combiner les efforts des pays de la région et d’adopter une approche régionale pour lutter avec succès contre le crime organisé. Cette coordination est essentielle pour lutter contre un phénomène qui traverse les frontières de plusieurs pays.

L'Action des Nations Unies

Les Nations Unies et leurs partenaires travaillent activement pour éradiquer le trafic de carburant illicite dans la région du Sahel. Plusieurs initiatives ont été lancées pour créer des opportunités économiques et renforcer la sécurité dans la région.

Dans le cadre de sa stratégie intégrée pour le Sahel, l’ONU a lancé en 2022 un projet de 180 millions de dollars destiné à 1,6 million de personnes dans la région du Liptako-Gourma. Ce projet vise à améliorer les opportunités économiques et les moyens de subsistance, en mettant l’accent sur les femmes, les jeunes et les éleveurs. En renforçant l’économie locale, les Nations Unies espèrent réduire la dépendance à l’égard du trafic de carburant.

Un autre projet dans le cadre de la stratégie de l’ONU contribue à prévenir la propagation de l’extrémisme violent dans les zones transfrontalières entre le Sénégal, la Guinée et le Mali. Il s’inscrit dans le cadre des initiatives en faveur de la paix et de la sécurité dans la région.

Les parties prenantes de la région ont également échangé des initiatives et des idées sur la prévention de l’extrémisme violent lors d’une réunion qui s’est tenue à Dakar. Cette réunion était organisée conjointement par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), le Centre des hautes études de défense et de sécurité du Sénégal, et le Département des affaires étrangères de la Suisse.

En outre, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et la Force du G5 Sahel ont signé un accord visant à renforcer la coopération régionale et intra-étatique à travers le spectre de la mobilité humaine. Cette coopération vise à renforcer la résilience, le développement et la gouvernance intégrée des frontières dans les pays du G5 (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). En facilitant les mouvements légaux des personnes et des biens, cette initiative vise à réduire la dépendance à l’égard du trafic de carburant.

Conclusion

Le trafic de carburant illicite dans la région du Sahel est un problème complexe qui alimente l’insécurité, la corruption et le financement des groupes terroristes. Les conséquences économiques et sociales de cette pratique sont graves, et les pays de la région sont confrontés à des défis importants pour y mettre fin. Cependant, les Nations Unies et leurs partenaires ont lancé des initiatives visant à éradiquer cette pratique et à renforcer la sécurité économique dans la région. La coordination régionale et internationale est essentielle pour lutter contre le tra

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Le simple exemple du Mali où l'essence se vend au prix 1,94$ alors que son voisin la Libye le vend à 11cts. montre que la contrebande vient souvent des abus des états dans la taxation. Les groupes de trafiquants se saisissant de ces opportunités.

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